Arabica Noir
Clair-obscur, je t'aperçois, des franges de clarté sur ta peau nue émergent du drapé dont la nuit t'a vêtu. Contre-jour, les muscles de ton dos sont tes plus beaux atours. Ta nuque s'incline doucement au-dessus de la petite table d'acajou où tu feuillettes les dernières nouvelles que le monde a bien voulu nous offrir. Papier froissé entre tes doigts.
Prière à l'aube. Silence.
Dans les carreaux de la fenêtre s'agitent les vagues, un peu d'écume contre la vitre et une feuille venue s'échouer contre le récif de verre. De la poussière solaire entre dans la chambre dessinant quelques lettres, quelques récits de l'univers. Journal déposé devant toi.
Je ne vois que le bas de ton dos, telle une sculpture encore humide des traces de doigts de l'artiste. Argile pétrie d'amour.
Arabica noir.
Le bruit de la petite cuillère en alu qui tinte contre la tasse et oscille entre veille et sommeil, rêve, réalité et café serré. Ce cliquetis quotidien éveille en moi des souvenirs torréfiés, quintessence des longues soirées passées à regarder le temps se déliter comme un sucre plongé dans l'encre noire de nos ancêtres. Réminiscence. Le temps fuit au travers de ses tic-tac pressés, le sucre s'étiole en un infime grésillement. Et chaque petit cristal trace son propre chemin dans le café noir pour finalement s'échouer contre la porcelaine blanche. Et mourir.
Je n'entends plus le temps, perçois seulement le son sucré dans ton café.
Tu suis le petit tourbillon noir que tu as formé de tes yeux.
Je suis le papillon du soir que tu as emmené jusqu'aux cieux.
Tu es coriolis mon amour. Tu es la force qui agite mon âme.
Tu es corps de lys mon amour. Tu es pureté avant l'orage.
Tu es coriolis mon amour
Oui, tu es coriolis...
Et la spirale de ton café se mêle à notre voie lactée...
J'aime beaucoup ta façon d'écrire, l'originalité de tes métaphores. J'ai vraiment adoré! Et je ne vois pas en quoi te critiquer ;)
le 02 Jui 2011