Au navire disparu
Envie de te dire que les épaves sont des trésors.
Qu'elles ont vogué,
Là,
Juste au-dessus des pépites de sel
Oiseaux troués
Ailes tordues
Lambeaux d'Azur
L'instant s'effondre parfois
Dans un naufrage
Sous le poids du ciel
Contre un récif ou une vague
L'âme se fendille
Et les poissons se glissent dans sa cage thoracique
Froissement de soie marine
Et cette envie, toujours, de te parler du monde
Des hommes et des chimères
De l'Atlantide, mémoire fragile
Vacillant dans l'oubli, au bord de l'épuisement
Et souffler sur tes voiles qui se peuplent de vie
Ton regard
Une déchirure dans les abysses
Étincelles anémiées
Ne ferme pas les yeux, je t'en prie, ne ferme pas les yeux
Le sable sous-marin n'est pas assez noir pour te faire un linceul
Il y a trop d'étoile en toi
Bientôt, l'océan se changera en ciel
Et ton étrave, brillante, sous son voile de sel, éclairera la berge
Hier ou Aujourd'hui
Aujourd'hui ou Demain
Plus rien n'a d'importance
Quand, dans tes yeux, la mer déborde
Flora Delalande