Burren
Un jour, une pluie de pierres s'abattit sur la région de Burren. Les prés verdoyants furent ensevelis sous un carcan minéral, un désert karstique.
Le chant du déluge résonna longtemps dans le cœur de cette région sacrée.
La roche trembla contre la mer.
La mer se fracassa contre les pierres.
Lames cristallines.
Résistance immobile.
Des orgues de basalte furent sculptées sur la côte. Le soir, quand la tempête bouleversait l'onde, quelques géants venaient y jouer des mélodies célestes. Parfois, le vent arrachait une des rares herbes sèches, et, s'en faisant un archet, frôlait quelques fissures acérées. Comme les cordes d'un violon.
C'était un gémissement puissant, un cantique à l'état pur.
Puis le granit se fissura en une dernière plainte. Quelques plaques rocheuses, trop lourdes pour cette île fragile, se détachèrent et partirent au gré des vents marins. On raconte même, que l'une d'elles emporta avec elle, une jeune vache blanche. Inis Bó Finne était née.
Enfin, des murets de pierres sortirent de terre en un ultime grondement. Dentelle minérale dans laquelle le vent se perdait. Immenses runes grises serpentant sur le flanc des collines.
Puis ce fut le calme.
Les larmes du ciel gorgées d'une lumière nouvelle commencèrent à polir les roches. L'eau purifia le calcaire, le dénuda, grava en lui de fines lignes de vie.
Cisèlement silencieux.
Les flots effervescents se calmèrent dans d'immenses lacs miroirs. Depuis, le ciel s'y reflète, y peignant la lumière. À moins que ce ne soit l'eau qui se mire dans le ciel. Une chose est sûre : l'écume des vagues déchaînées s'évapora et forma les nuages.
Les forêts avaient été réduites en poussière, mais, le murmure des arbres put être préservé car là-bas vivaient des bergers qui aimaient le chanter.