Croisements d'âmes
Nous sommes les chemins du monde
Innombrables sentiers qui parcourent les terres
Qui percent les clairières, s'engouffrent dans la nuit
Supportent les ornières et s'étouffent de vie
Il suffit de passer sous le grand chêne vert
D'ouvrir un monde, de changer d'air
Il suffit de marcher sur les tapis de pierres
Et de se perdre enfin dans la grande forêt
Nous aurons peur et nous serons heureux
Nous croiserons des routes, des macadams houleux
De ces golems géants qui feront taire nos voies
De ces grands idéaux qui nous accablent, parfois.
Il faudra croire en toi, ne pas oublier l'Homme
Avancer droit devant en courbes sinueuses
Il y aura des ombres sur le bord du chemin
Des éboulis de pierres, d'immenses flaques de boue
Des cailloux, des branchages, de grands taillis de ronces
Mais toujours la lumière tout au bout du layon
Et ces éclats de joies aux carrefours de nos vies
Les carrefours ! Ces nœuds de sentiment où la terre se mélange
Ces instants de repos, de doute et de hasard
Où l'on prendra conscience que l'on n'était pas seul
Qu'il y avait cet Autre qui s'approchait de nous
Attiré par la voix, le parfum de nos terres
Qui s'approchait de nous en suivant son chemin
Les yeux dans le lointain, au-delà de nous-mêmes
Il faudra se croiser, se confondre et s'aimer
Se lier l'un à l'autre et mêler nos essences
Je t'offrirai les pas de mes fidèles marcheurs
Ces pensées vagabondes qui errent toujours en moi
Ils prendront ton chemin pour goûter ta lumière
Ils quitteront le mien, y reviendront changés
J'aurai un peu de peine à devoir te quitter
Reprenant mon haleine pour mieux t'accompagner
Je voudrai rester là, juste à côté de toi
Devenir ton chemin et n'être que le tien
Continuer tout droit sur la trace de tes pas
Et former une route infinie avec toi
Mais la vie est ailleurs, cachée dans les fourrés
Dans les mille possibles que suggèrent les sentiers
Car m'attacher à toi c'est tuer un chemin
Nier les croisements et brider mon destin
La futaie est si vaste, les parcours si divers
Qu'ils méritent amplement que l'on veuille bien s'y perdre
Pour un temps tout du moins
Va. Suis ton propre chemin, ne t'enlise pas en moi
Il suffit de passer sous le grand chêne vert
D'ouvrir un monde, de changer d'air
Il suffit de marcher sur les tapis de pierres
Et de se perdre enfin dans la grande forêt
Flora Delalande