Fantômes des Villes
Illustration : UnAutreLapin
Dans le brouillard timide, leur haleine tache le ciel et leurs mains, avides, raflent les biens d'autrui. Une étrange lueur, orange dans le ciel gris, dessine des ombres sur leurs visages fermés. En mouvements mécaniques, ils amassent leurs trouvailles dans les entrailles d'une bête qui grogne à côté d'eux. Leur besogne est réglée, calculée, presque chorégraphique. Les signes qu'ils se font n'ont pas besoin de cri et le monstre ronflant obéit sans broncher. Ils passent d'un porche à l'autre, dévalisent les immeubles de leur or éphémère. Leurs butins vomissent d'abondance, et le goût du méfait coule le long de leurs doigts. Les habitants des villes dorment innocemment. Et la danse des voleurs continue sans un bruit. Les larcins volent, d'un fantôme à l'autre, en un relais mystérieux, pour finalement échouer dans la gueule béante d'un Méphistophélès. La profusion déborde et vomit un jus brun qui traîne sur la route. Les lambeaux de pétrole froissés se déchirent entre les dents du monstre souverain et c'est une salive nauséabonde, des filets de bave poisseuse, qui dégoulinent le long des rues.
Et les fantômes dansent, jonglant avec leurs balles d'opulence écœurante.
Quand le jour sera là, la panse remplie d'une odeur méphitique, la chimère des villes digèrera sa proie dans un lieu inconnu.
Je te sens d'une humeur joyeuse dis moi^^
le 29 Avr 2012Comme souvent, j'aime beaucoup ce texte, concis, précis, efficace. Et ne serait que pour avoir casé "Méphistophélès", bravo!