La mélodie de l'écho
Un jour, Loëza avait cessé de parler. On avait cru son silence éphémère, comme une pause lorsque l'on reprend son souffle, un instant de repos avant le renouveau de la course. Mais plus un son ne sortit de son corps. Personne ne se rappelle de ses dernières paroles, personne ne se souvient des dernières pensées qui ont fait vibrer l'air.
Yann évoque souvent un dernier éclat de rire. Ce n'est peut-être qu'un artifice pour tenter d'oublier que le regard de Loëza se trouve maintenant bien au-delà du rire.
Serait-ce donc les paroles qui colorent le regard ?
L'éclat est toujours là.
Devant les interrogations et les peurs de ses proches, elle semblait lointaine, comme enfouie en elle-même, à des lieues du visible. Elle, si légère, si pure depuis son mutisme, semblait comme écrasée par le regard de ceux qui voulaient la voir parler. Les mots qui ne résonnaient plus dans sa poitrine étaient comme un écran entre elle et le monde, comme un amas de gravats inutiles et encombrants. Ses amis ne la comprenaient plus, se mettaient devant elle et agitaient l'air de mots dérisoires et de sourires forcés. Ils plantaient leurs regards dans le sien et s'acharnaient à la faire plier, entassant un à un les reproches qu'ils taisaient.
Leur silence était un mensonge. Le sien était une prière.