Neige de prière
Le silence est cette prière discrète qu'on n'adresse à personne, si ce n'est à soi-même. Il m'arrive, parfois, de chercher les battements de mon propre cœur, ceux qui, calmes et réguliers, n'indiquent rien d'autre que le temps qui s'écoule. C'est comme si Dieu frappait doucement contre notre poitrine, avec la douceur d'une mère soucieuse de ne pas troubler le sommeil. Chaque pulsation est le signe de sa présence en nous. Il nous rassure, nous appelle à lui. Doucement. Il y a une pudeur immense dans l'imperceptible des battements de cœur. Il suffit de ne pas écouter cet appel pour ne pas l'entendre. Les gens qui ne croient pas en Dieu parlent beaucoup, même lorsqu'ils sont seuls, pour être bien sûrs de rester sourds à ce qu'ils sont. Le refus du silence c'est un peu le déni de soi-même.Je me rappelle mon père, cet homme dont les cheveux sont restés gris dans mon souvenir. Il n'aimait pas les immensités blanches qui s'étendaient en moi quand Dieu venait me parler. Je crois qu'il avait peur. Il avait besoin qu'un chemin soit visible dans la neige. Il avait besoin de traces de pas, de mots, de couleurs pour animer le vide qui m'habitait alors. Pourtant, c'était un vide qui n'en était pas un. Il n'y a pas de silence plus beau que celui de la solitude, entre deux battements de cœur. Cet instant où tout peut basculer. Un jour, Dieu cesse de frapper à la porte de notre conscience. Le silence s'installe alors dans notre poitrine. Il suffit de sourire et de fermer les yeux.