Peinture du translucide
Après le noir.
Infime lueur
Inaccessible
L'ombre a disparu
Masquant la lumière
Papillon translucide
Cela fait si longtemps que je n'ai pas pris le temps
Cette impression de glisser sur les mots.
Comme si, quelque part, l'absence prolongée de ma plume sur la feuille avait brisé la présence de l'oiseau au creux de l'arbre. Il ne chante plus, ne fait plus ruisseler les doux mots à l'oreille des ramures de l'imagination.
Glace et rameaux calcinés.
Une fine pellicule de givre, protection cassante, a recouvert les nervures de mes paroles laissant la page empreinte du gène de l'existence.
Prendre la feuille gelée à main nue et sentir le froid envahir mes mots.
Morts. Inertes. Exsangues.
Mot blême, tremblotant sur un pavé de nuit. Noyé dans l'indifférence.
Mot frêle, dansant en ronde autour du rien, coquille vide en proie au vent.
Je le recueille. Vite. Avant qu'une pluie d'étoiles déchues ne se répande autour de lui et ne l'enferme dans un écrin de poussière diaprée. Je le réchauffe, cherche de nouveau le souffle tiède qui se terre dans le sang, dans le tiroir du silence, au bas du ventre. Fais ressurgir cette chaleur bouillonnante, cette fièvre tremblante jusque dans le creux de la main, là où sont gravées les lignes de vie. Comme des saillies dans le sein d'un pavé.
Je brûle quelques lignes pour réchauffer les autres, sacrifie quelques pages en offrande à la patience. Doigts noircis par la cendre, l'obscurité du ciel. Un peu de sève noire coule le long de l'arbre. Prendre le temps de panser les gerçures de l'absence. Une par une. Pour se rappeler notre essence.
Cela faisait si longtemps que je n'avais pas pris le temps
Tout simplement
Renouer avec les sons froissés
Danser pour réveiller Morphée.
Peindre le translucide
Frôler l'inaccessible.
Agréable voyage dans les ramures de ton imagination.
le 06 Fév 2010