Prendre l'ascenseur avec un inconnu
Discours narratif, point de vue interne
J'ai peur, je me sens oppressée dans cette minuscule cage métallique qui n'en finit pas de monter. Les portes coulissantes de l'ascenseur étaient en train de se refermer quand il les a bloquées pour entrer. "Il", c'est un homme, inconnu, d'une quarantaine d'années, cheveux grisonnants sur les tempes, barbe mal rasée, mains tremblantes tenant une canne en bois. Il s'est placé juste en face de moi et depuis, il ne cesse de me fixer.
Dans ma tête, les idées s'affolent, se bousculent, se mélangent. Impossible de les ordonner. En quelques secondes les faits divers entendus à la télévision me reviennent : jeune fille de quinze ans sauvagement agressée dans la nuit du 25 au 26 ; deux jeunes enfants kidnappés à Montréal, un groupe d'adolescents porté disparu depuis janvier dernier . . .
Cet ascenseur qui n'avance pas ! Et ces yeux qui ne m'ont pas quittée un seul instant. Je tremble de tout mon être, mes vêtements me collent, j'étouffe ! ! !
Soudain l'ascenseur s'arrête. La porte s'ouvre lentement. Trop lentement. L'homme au regard fixe se tourne, prend sa canne et sort.
Alors, seulement, je me rends compte d'une chose.
Il est aveugle.