S'abîmer en soi
Illustration : Thindòmiell
Je n'en ai pas qu'une, j'en ai autant qu'il existe de mots.
Je n'en connais aucune et me perdrai jusqu'au grand saut.
Je suis l'enfant qui entend des phrases mais ne sait pas les prononcer, je suis la fleur qui regarde le soleil sans pouvoir le toucher. Je suis ce que personne ne soupçonne, ce que seul la forêt sait. Je suis là mais je ne comprends pas.
Je suis ici, il paraît que ça s'appelle la vie. Des successions d'actions sans suite et sans soupirs si cinglantes que je ne peux poser ma pensée pour tempérer... ou pour prier peut-être. Je suis ne me suis pas. La poudre de tes rires roule entre mes dix doigts.
Le soufre de tes soupirs coule tout au fond de moi. Et déjà je m'oublie
Je ne parle plus de moi
Sujet que je ne connais pas
Je ne parle plus de moi
Car je ne me ressemble pas Je suis, je suis mes pas. Je cours derrière mon ombre qui se sauve, glisse sous mes souliers et danse autour de moi. Je tente d'écraser, saccager, déchirer, ce tissu de drap noir qui s'accroche à mes pas. Elle se meut mieux que moi, m'échappe, se rit de moi jusqu'à ce que la nuit soit. Alors...
je m'étale contre elle, l'écrase de mon poids, l'enroule entre mes bras, la plie au fond de moi. Au creux des draps suis-je moi ?
Suis-je ou ne suis-je pas moi ?
Magnifique poème, tout comme le précédent.
le 02 Jui 2011Toujours le rythme de tes mots me séduit.
Et j'aime beaucoup la phrase "Mais ma voix ne veut pas que mon coeur vive sa vie, et mon corps se révolte contre la voix de mon coeur qui cogne contre cette coque qui le crève et le vide" qu pourrait être compliquée à comprendre mais que tu rends un peu folle, un peu abstraite avec une jolie sonorité.