Sombreros
Une heure et demie de rêve émaillée de sourires.
C'est l'histoire de l'ombre, des ombres qui vivent leur existence propre, qui dansent d'une démarche aérienne, frôlent les murs et roulent sur le sol. C'est l'histoire d'un jeu de lumières qui se démultiplient pour pointer l'invisible du doigt. Les ombres entourent les danseurs, se dupliquent et conversent avec eux. Les danseurs se transforment en ombre, en double, en éphémère, maculent leur corps de suie. Quand une main se fait corps, un homme devient chimère. Les êtres de chair disparaissent pour laisser place à leur duplicata de brume qui danse sur l'envers d'un piano. Tandis qu'ils ne font que se croiser, leurs fantômes se superposent, s'additionnent, se pénètrent, mêlant leurs atomes intimement désertés.
Défier les lois de l'apesanteur en jouant avec les ombres. Jouer avec les mots, défiant jusqu'à l'absurde.
La poésie parfaite d'un monde en noir et blanc d'où émergent ça et là des rires d'arc-en-ciel.
Puis, petit à petit, la lumière décline, les croches deviennent blanches et le rideau se ferme.
Une heure et demie de rêve close par un soupir, une ombre dans la gorge...