Souffle essouflé
Tu voudrais tout dire en un mot, essouffler le lecteur dans de longues phrases sans fin qui se déroulent sous ta langue. Tu voudrais ensorceler, envoûter par des litanies sans sens, laisser les lettres danser au rythme d'une musique pour mieux te faire comprendre. Faire rêver.Réveiller. Donner une forme à la sylphide qui habite ton esprit, lui peindre des ailes avec ta voix, remplir ses veines du liquide brûlant qui coule dans les tiennes.
Mais tu n'y parviens pas. Éternel Sysyphe, fils des vents inconstants, tu amasses les lettres en une perle parfaite mais toujours elle se brise.
Éclats de lettres à l'agonie rongées par l'immortalité. Où est passé le feu sacré ? Accepter que tu n'es rien. Pas même un mot. Tu n'es strictement rien. Tristement rien. Pas même du vide. Bien moins. Tu n'es pas vierge comme le néant, jamais tu ne pourras te construire un visage qui soit le tiens. Tu n'es que poussière, débris de tes ancêtres. La cendre noire qui te colle à la peau n'est autre que celle qui vient des squelettes blanchis par le temps qui ne cessent de te chuchoter ce que tu dois écrire. Se répéter. Redire le passé pour forger l'avenir. Fondre les mots pour en faire de nouveaux.
L'écriture est immuable comme un serpent de pierre. En parlant du présent tu fouilles sous les vestiges du souvenir pour mieux restaurer l'ophidien effrité.
Tu te souviens d'antan,.. te souviens-tu vraiment ? Écris-tu pour te souvenir ou pour tronquer la réalité ? Pour la modifier, la grimer, l'améliorer et la cacher peut-être. Pour ne pas laisser les silences se tasser au fond de tes yeux. Comment rejeter un passé dont la mémoire, encore, s'engouffre dans tes veines, te fait mal et t'étouffe ? Il est là, il se terre et petit à petit infiltre nos pensées, notre façon de vivre, d'agir et de rêver. Le reptile d'obsidienne t'observe,
se rit de toi
car déjà
le poignard taché du sang de l'avenir trace des lettres dans le creux de tes reins...
Sincèrement, je n'accroche pas avec le début et la fin que je trouve un peu facile, "simple"... Mais j'ai apprécié le milieu où il y a vraiment de belles images !
le 02 Jui 2011